Investir en fonction de… son âge

Ce n’est pas pour rien que l’âge est la première réflexion dans notre questionnaire préliminaire à la gestion de son argent. Si d’autres caractéristiques telles que son profil de risque, ses projets, son contexte professionnel et familial sont déterminantes, l’âge reste le paramètre numéro un.

L’âge influence directement notre horizon d’investissement. Aussi, nos objectifs financiers évoluent dans le temps. Même notre profil de risque peut évoluer avec l’âge.

C’est pourquoi nous nous penchons aujourd’hui sur des stratégies d’investissement selon son âge et selon différents objectifs financiers.

Dans le questionnaire préliminaire, nous avions délimité la vie en 4 phases que nous allons reprendre ici. Evidemment, nos objectifs évoluent et nos décisions peuvent ainsi varier au début et à la fin d’une même phase. Le but est de donner des plans généraux que chacun viendra adapter dans le détail en fonction de ses autres caractéristiques (profil de risque, contexte professionnel et familial, etc.).

En passant, je me permets de préciser à nouveau qu’investir représente un risque de perte. Avoir une stratégie long terme permet de limiter ce risque, de même que diversifier son patrimoine.

  1. Jusqu’à 25 ans : la phase de démarrage


    La jeunesse est la phase idéale pour se lancer dans la gestion de ses finances personnelles. En effet, on dispose en général d’un patrimoine faible, constitué d’argent reçu en cadeaux ou de salaires lorsqu’on entre tôt dans le monde du travail. Et surtout, on a besoin de sortir, d’expérimenter, de vivre tout simplement. Les voyages forment la jeunesse comme on dit.

    C’est alors l’occasion d’apprendre : améliorer ses connaissances, par exemple en rejoignant le Club EducFi, expérimenter l’investissement en Bourse ou dans d’autres types de placements. Lorsqu’on est jeune, on fait des erreurs. Mais ce sont surtout des leçons qu’il vaut mieux apprendre avec de petites sommes que plus tard avec un patrimoine conséquent et des responsabilités.

    Certains peuvent toutefois avoir des objectifs financiers à court terme comme financer leur permis de conduire, un voyage ou rembourser leur emprunt étudiant. Leur objectif est donc d’obtenir un revenu complémentaire pendant leurs études.

    Voici 3 idées de placements répondant à ces différents objectifs : 

    ➡️Le placement sécurité : le livret

    Le livret A ou le livret jeune, quand son rendement est meilleur que le premier, sont deux options intéressantes pour mettre de l’argent de côté sans prendre de risque. C’est le principe de l’épargne de précaution mais à cet âge-là on va préférer parler d’argent de poche. 

    ➡️Le revenu complémentaire : les SCPI

    Si tu disposes déjà d’un peu plus de capital et que tu as un besoin immédiat de revenu complémentaire, une solution est d’acheter des parts de SCPI. Aussi appelé la Pierre Papier, cet investissement consiste en l’achat de parts de Société Civile de Placement Immobilier et permet à des particuliers d’investir de manière collective dans le secteur immobilier sans avoir à gérer l’achat d’un bien physique et sans avoir à se soucier de la gestion du bien, moyennant des frais prélevés par la société qui gère la SCPI.
    Ces sociétés de gestion collectent ainsi des fonds auprès des investisseurs pour acquérir et gérer un parc immobilier de bureaux, commerces ou logements et les investisseurs sont rémunérés proportionnellement aux parts détenues de la SCPI et perçoivent régulièrement des dividendes issus des revenus locatifs.

    En résumé, les SCPI c’est l’investissement en immobilier sans la gestion immobilière, avec des risques mutualisés et la possibilité d’investir des montants réduits par rapport à un achat immobilier, moyennant des frais de gestion.


    ➡️L’apprentissage et l’avenir : l’assurance-vie ou la Bourse sur un PEA

    “La seule erreur dans la vie est la leçon non apprise.”

    Albert Einstein entendait par là qu’il est essentiel de commettre des erreurs pour apprendre quelque chose de nouveau tant qu’une leçon est retenue, leçon qui sera à l’origine du succès.

    Ce n’est pas avec l’argent de poche reçu à ses anniversaires, même investi, que tu vas t’acheter une maison ou t’offrir une retraite dorée sous les palmiers. Néanmoins c’est l’occasion d’apprendre comment fonctionnent les marchés financiers et les supports d’investissement tels que le PEA ou l’assurance-vie. Investir en Bourse présente certes un risque mais limité puisque le capital investi à cet âge-là serait bien moindre à celui employé en découvrant la Bourse à 40 ans.

    Si tu veux en savoir plus sur les enveloppes comme l’assurance-vie ou le PEA, tu peux lire les trois articles suivants du Club :
    1) Choisir le bon véhicule d’investissement
    2) Où ouvrir son PEA ?
    3) Les meilleures assurances-vie en 2024

    Si tu veux en savoir plus sur les actions ou d’autres placements financiers à inclure dans un PEA ou une assurance-vie, tu peux lire celui-ci.

  2. De 25 à 50 ans : la phase d’accumulation


    C’est LA phase la plus importante de notre gestion financière. Celle où on devient indépendant financièrement. Celle où, je te le souhaite, des projets vont se concrétiser. Que ce soit un projet professionnel, familial, l’achat d’une résidence principale, ou l’ensemble de tout cela, il va falloir faire travailler son épargne pour participer à leur financement. 

    C’est donc la phase où il est d’autant plus important de connaître sa capacité d’épargne et de planifier financièrement ses projets. On ne va effectivement pas agir de la même façon si l’on souhaite acquérir une résidence principale ou si l’on trouve plus intéressant de rester locataire. 

    Voici quelques plans d’action dans l’ordre chronologique : 

    ➡️Le placement sécurité, le retour : le livret

    D’abord et avant toute chose, on finalise de constituer son épargne de précaution.

    ➡️La question de la résidence principale

    Selon l’INSEE, environ 60% du patrimoine des Français est constitué d’immobilier, dont environ 80% de ce patrimoine immobilier est leur résidence principale. C’est donc LA question à se poser. Doit-on faire comme tout le monde ? Suivre la masse a un côté rassurant mais la question est bien plus complexe avec plusieurs paramètres à prendre en compte : 

    👉L’environnement économique : est-ce intéressant d’acheter dans un environnement de taux relativement élevés avec des prix qui restent élevés à ce jour ? La réponse dépend de ton contexte actuel : localisation, loyer, surface. Impossible de répondre à cette question sans calculer le coût de son emprunt et de l’achat (frais de notaire etc.), et le comparer aux loyers payés pour un bien équivalent en location. Dans l’environnement économique actuel, certains ne peuvent tout simplement pas acheter.

    👉Emprunt vs Liberté : emprunter, c’est renoncer à une certaine liberté. La liberté géographique de pouvoir déménager, partir travailler dans une autre ville ou à l’étranger. La jeune génération actuelle est plus dynamique que les précédentes chez qui il était courant de s’installer au même endroit, dans une même entreprise pendant l’ensemble de sa carrière. On pourra toujours me répondre qu’un bien immobilier se revend, ou se met en location si l’on décide de partir. Il n’empêche que financièrement c’est en général un mauvais calcul : la rentabilité d’un achat immobilier n’est atteinte qu’après plusieurs années, la vente ou la mise en location engendrent également des frais, et prend du temps.

    👉Le contexte personnel : d’un point de vue professionnel le contexte peut vite évoluer, entre une mutation, la perte d’un emploi ou une envie d’ailleurs. D’un point de vue personnel, entre 25 et 50 ans il se passe également pas mal de choses dans un sens comme dans l’autre : mariage, des enfants ou une séparation.

    ➡️L’effet de levier du crédit : l’investissement locatif

    Si après l’étude de tous ces éléments tu décides de ne pas acheter ta résidence principale, tu peux étudier la question de l’achat immobilier pour le mettre en location. L’avantage principal est de profiter de l’effet de levier du crédit : à 30 ans on dispose d’un capital réduit et l’emprunt donne accès à des biens de valeur plus élevée que notre capital.

    Attention toutefois à bien s’assurer des points suivants : la visibilité sur sa capacité à épargner pour rembourser l’emprunt sur 15 ans ou plus, la fiscalité encadrant l’investissement, la qualité et la localisation du bien. 
    Une autre option reste l’investissement en SCPI si l’on souhaite s’affranchir des tracas de l’achat et de la gestion du bien immobilier. (voir plus haut 1. Jusqu’à 25 ans)


    ➡️L’investissement long terme : la Bourse sur un PEA, l’assurance-vie et l’épargne salariale

    Une fois la question de l’immobilier réglée, il reste à mon avis 3 options intéressantes et incontournables pour son épargne. A 30 ans notre horizon d’investissement est long. Les objectifs sont en général de se construire un patrimoine pour financer des projets à long terme comme un achat immobilier, les études des enfants, ou pour les plus visionnaires de s’assurer une retraite.
    A long terme, le placement le plus performant est les actions. Oui investir en Bourse est risqué, oui c’est volatil. Mais lorsqu’on investit dans le temps long, sur plusieurs décennies, et que l’on n’a pas besoin de retirer ces sommes avant plusieurs années on évite de tomber sur un contexte macroéconomique dégradé. 

    Et les statistiques historiques sont éloquentes : l’indice boursier MSCI World, qui est composé de plus de 1 500 sociétés basées principalement aux US, en Europe et au Japon a connu une performance annuelle moyenne de 11% de 1996 à 2023. Si l’on remonte encore plus loin dans le temps c’est globalement le même rendement alors que le monde a connu des tempêtes durant cette période (guerre mondiale, choc pétrolier). 
    Bien évidemment les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Mais à mon sens, la richesse du tissu économique mondial réside dans les entreprises. Elles sont au coeur de la croissance et de l’innovation. 

    Les arguments qui reviennent souvent quand on parle d’investissement en Bourse est que “je n’ai pas le temps de m’y intéresser”, ou “je n’y connais rien et la volatilité fait peur”. Evidemment si on a un profil totalement averse au risque et que l’on transpire à grosses gouttes dès que l’on voit son patrimoine baisser de 2%, on va éviter d’investir de grandes sommes en Bourse. Mais à long terme les statistiques parlent d’elles-même. 
    Au sujet du temps à y consacrer, nous ne sommes pas tous des analystes financiers capables de choisir les entreprises les plus performantes et de rivaliser avec des professionnels qui ont d’énormes moyens.  Il existe deux solutions pour ne pas passer sa vie la tête rivée sur son écran et profiter de la performance du marché actions :
     
    👉Les fonds actions gérés par des professionnels : ce n’est personnellement pas mon option préférée car les fonds les plus performants sont en général coûteux en frais de gestion. Néanmoins on peut investir dans un fonds dont la thématique nous tient à coeur (type d’entreprise, secteur d’activité, géographie) et qui est géré par un profesionnel reconnu.

    👉Un ETF (Exchange-Traded Fund), aussi appelé tracker, est un fonds indiciel (un panier d’actions) émis par une société de gestion dont le but est de suivre le plus fidèlement possible l’évolution d’un indice boursier. On a donc accès à l’ensemble du marché couvert par l’indice considéré sans avoir à analyser quelle entreprise serait un meilleur investissement qu’une autre.

    Les avantages des ETF sont multiples :
    - des frais de gestion bas (entre 0,15% et 0,4% de frais annuels) car ils sont gérés par des algorithmes ;
    - il existe des ETF pour tout : des thématiques d’investissement (l’eau, l’énergie, l’intelligence artificielle…), des zones géographiques via les indices boursiers de chaque pays, des métaux ;
    - si une action de l’indice rencontre des difficultés et perd une grande partie de sa valeur en Bourse, l’indice va la remplacer par une autre entreprise qui connait une trajectoire inverse.

    Le véhicule d’investissement le plus intéressant pour posséder des actions, fonds ou ETF est le PEA. Il s’agit d’une enveloppe capitalisante, c’est-à-dire que les impôts sur les plus-values ne sont payés qu’en cas de retrait d’argent du plan. Et au bout de 5 ans après son ouverture, l’imposition n’est plus que de 17,2% correspondant aux prélèvements sociaux, au lieu de 30% de flat tax (qui inclut 12,8% d’impôts avec les prélèvements sociaux).

    Deux contraintes et demi au PEA : 
    - Limité à 150 000€ de dépôts : bon, c’est déjà pas mal. On peut évidemment dépasser ce montant avec les plus-values ;
    - Il peut y avoir d’importantes différences de frais entre les courtiers mais le Club a tout prévu avec ce guide complet pour savoir où ouvrir ton PEA ;
    - La règlementation limite l'investissement aux actions européennes et aux fonds de placements collectifs investis à au moins 75% en actions ayant leur siège dans l'Union Européenne.
    Dernier miracle des ETF :  les sociétés de gestion ont créé des ETF respectant cette règlementation tout en répliquant des indices boursiers non européens comme les indices américains S&P 500 ou Nasdaq 100.
    ✅ On peut donc inclure dans son PEA les zones géographiques les plus performantes !

    Cette partie a été introduite en présentant 3 options donc hormis les actions/ETF sur PEA tu peux également t’intéresser à l’assurance-vie et à l’épargne salariale.

    En ce qui concerne l’assurance-vie, consulte l’article complet sur le sujet. Pour faire court, l’avantage est que c’est une enveloppe multisupport, c’est-à-dire qu’on peut y inclure du fonds euros, des actions, des ETF et fonds actions, des obligations, des SCPI, des ETF métaux précieux… Bref, un peu tout ce qu’on veut avec des avantages fiscaux non négligeables à la succession et sur les plus-values.

    Certaines entreprises mettent à disposition de leurs salariés des plans d’épargne collectifs qui peuvent prendre deux formes : le PEE (Plan d’Epargne Entreprise) ou le PERCOL (Plan d’Epargne Retraite Collectif). Si tu veux en savoir plus sur ces plans, consulte l’article suivant.

  3. De 50 à 65 ans : la phase de préservation


    A 50 ans, les objectifs financiers ont changé. L’horizon d’investissement est malheureusement plus court, on arrive sur la dernière partie de sa carrière professionnelle et notre patrimoine est, je nous le souhaite, plus élevé. Il pourrait donc être opportun de réduire la part de risques pris dans ses investissements. 

    L’objectif premier est de préparer sa retraite. En effet, les revenus diminuent à la retraite et c’est donc l’occasion de déterminer si une réallocation de ses investissements long terme vers du plus court terme sera nécessaire pour que la diminution des revenus soit compensée par des liquidités disponibles. C’est donc l’occasion de calculer sa future pension.

    L’objectif second est de préparer la transmission de son patrimoine. Les outils existants pour réduire sa fiscalité comme le PER ou l’assurance-vie pour la succession sont nombreux. De même pour la fiscalité encadrant la transmission de son patrimoine immobilier.

    Nous reviendrons plus en détail sur le PER dans un article détaillé. Et attention, ce sont des objectifs dans les grandes lignes. Il reste toujours intéressant de continuer à investir en Bourse, par exemple, et les actions se transmettent également.

  4. Au-delà de 65 ans : la retraite


    A la retraite, on peut continuer à suivre la feuille de route préconisée à la préparation de sa retraite. On s’assure que la perte de revenus depuis l’arrêt d’activité est compensée, on prépare sa succession et on s’assure que son conjoint est protégé en cas de décès. 
    On peut aussi se pencher sur les questions des donations aux enfants pour optimiser ses droits de succession. Nous y reviendrons dans un article détaillé.

Il est important d’adapter ses investissements, son allocation d’actifs à son âge et donc à ses projets et objectifs financiers.
La clé est de se renseigner sur les placements existants, la fiscalité les encadrant ainsi que celle de la succession. D’apparence complexe, ces points s’éclaircissent lorsqu’on se lance dans des simulations à partir des enseignements reçus. Et tu peux toujours te faire accompagner par des professionnels si nécessaire.

Good luck !

Précédent
Précédent

Les bases de la Bourse

Suivant
Suivant

Les meilleures assurances-vie en 2024